CONFIANCE !
Depuis que je suis non-voyant, les aveugles qu’on rencontre dans les Évangiles m’interpellent particulièrement. Pour moi, la vie est sûrement plus facile qu’elle ne l’a été pour Bartimée dont on lit l’histoire aujourd’hui. Il y a même des circonstances où je peux me sentir plus en sécurité que ceux qui ont une bonne vision. Par exemple, en cas de panne de courant qui plongerait la maison et le sanctuaire dans l’obscurité totale, je suis probablement celui qui pourrait se débrouiller le mieux. Pourquoi ? Parce que pour moi la nuit et le jour, c’est la même chose ; parce que je connais les lieux par coeur et que j’ai appris à bien utiliser ma canne blanche.
On m’a aussi enseigné la formation de base à donner aux personnes dont je peux avoir besoin pour me guider. Ainsi, je peux circuler dans des lieux comme les magasins ou les restaurants presque aussi facilement que tout le monde. Mais qu’on m’enlève ma canne et me laisse seul, me voilà complètement démuni !
Qu’est-ce que mon état m’a appris ? À faire confiance, soit à la personne qui me guide ou encore à ma mémoire et à mon habileté à utiliser ma canne…
Avec Jésus, tout est une question de confiance. L’aveugle Bartimée commence par crier : c’est déjà quelque chose. Mais il ne bouge pas et s’attend à ce que Jésus aille vers lui. Puis, il entend : « Confiance ! Lève-toi, il t’appelle. » Alors, il comprend : il doit se déranger, il doit faire un mouvement vers Jésus. Et le voilà rempli de la vraie confiance. Celle qui fait marcher aussitôt que Jésus appelle, celle qui fait abandonner les sécurités personnelles pour se risquer dans l’inconnu. Il laisse son manteau qui ne pourrait que l’embarrasser et court vers Jésus. Il a sûrement trébuché, est probablement tombé et s’est relevé pour arriver à Jésus.
Que nous soyons mal-voyants ou non, notre histoire est celle de Bartimée. Nous sommes faits pour le bonheur et la lumière et nous vivons avec nos limites, nos blessures et nos ténèbres. Seul Jésus peut nous sauver. Quand osons-nous crier vers lui ? Quand risquons-nous de nous lever et de courir vers lui en abandonnant ces sécurités factices qui, trop souvent, entravent notre marche vers Jésus ? « Va ! Ta foi t’a sauvé. » Pour ceux et celles qui, comme Jésus, se mettent totalement dans les mains du Père, « la nuit comme le jour est lumière » (Ps. 138).
Jean-Louis Courchesne, s.m.m.