MULTIPLIER LE PAIN AUJOURD’HUI
Le miracle de la multiplication des pains, rapporté par Jean, aujourd’hui, entraînera tout un échange entre Jésus et ses opposants. Ce qu’on désigne comme « discours sur le Pain de Vie » sera proclamé au cours des prochains dimanches.
Le Livre des Rois nous ramène au temps d’Élisée, alors que sévissait une grande sécheresse. C’était donc la famine. « Un homme… apporta à Élisée, l’homme de Dieu, vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac. Élisée dit alors : ‘Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent.’ Son serviteur répondit : « ‘Comment donner cela à cent personnes ?’ Élisée reprit : ‘Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent, car ainsi parle le Seigneur : ‘‘On mangera, et il en restera.’ Alors, il le leur donna, ils mangèrent, et il en resta… »
Cet événement est une annonce de l’Évangile d’aujourd’hui. Nous voyons une grande foule suivre Jésus. Il n’y a pas de famine, mais c’est tout comme, car il n’y a là rien à manger. Les disciples ne sont guère enclins à chercher de la nourriture pour tout ce monde. Comme l’homme aux vingt pains du temps d’Élisée, un garçon met ses cinq pains et ses deux poissons à la disposition de Jésus. On connaît la suite : la foule mange à sa faim et il reste douze paniers. Comme au temps d’Élisée, l’impossible s’est produit.
Élisée avait pour mission de faire cheminer ses contemporains vers la connaissance du vrai Dieu. La foule accourt à Jésus parce qu’elle voit en lui un faiseur de miracles : elle doit elle aussi, à vrai dire, changer de Dieu. La multiplication des pains sera pour Jésus l’élément-déclencheur de la révélation de son identité profonde. Il est l’unique Seigneur qui, dans son amour, nous laisse libres de lui dire : « Je crois » ou « Je ne crois pas », « Je reste » ou « Je pars ».
De ces deux récits, on peut tirer une multitude de commentaires. Rappelons-nous au moins un point essentiel qui nous concerne tous : Jésus a besoin de nos pauvres moyens pour faire ses miracles. À Cana, il a eu besoin des serviteurs pour remplir les cuves comme il a besoin de ce jeune garçon qui partage au lieu de faire monter les prix. Le pain multiplié, c’est Jésus qui se donne encore à notre monde à travers les grands et petits dons de nous-mêmes.
Jean-Louis Courchesne, s.m.m.