Réflexion

CRAINDRE LA FIN OU VIVRE JOYEUSEMENT LE PRÉSENT ?
Il y a toujours eu des gens plus intéressés à savoir quand arrivera la fin du monde qu’à s’engager dans la vie présente. Pour en trouver le moment, on cherche partout, dans la Bible et dans quelques ouvrages au contenu obscur qu’on peut interpréter comme on veut. C’est ainsi que la fin du monde aurait dû arriver bien des fois déjà. Si l’on oublie tout le bruit fait autour de l’an 2000, une des dernières dates sérieuses, du moins le croyait-on, était l’année 1984. Quarante ans plus tard, la terre tourne toujours et une moitié de sa population a laissé sa place à de nouveaux habitants. Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus résume ce qu’il faut retenir à ce sujet : « Quant à cette heure, personne ne la connaît… si ce n’est le Père. »

Le mystère fondamental du christianisme n’est pas le mystère de la prédiction mais le mystère de l’Incarnation. À toutes les époques, trop de gens, même des croyants, ont fait des cauchemars en pensant à la fin, la leur et celle du monde, alors que Jésus nous invite à vivre joyeusement et dans la paix du coeur le moment présent. La fin, la nôtre et celle du monde, ne se prédit pas, elle se prévoit et se prépare à chaque aujourd’hui que la vie nous amène. C’est ainsi qu’on participe au mystère de l’Incarnation avec Jésus. Cela suppose normalement la douloureuse acceptation de la fin de petits mondes où nous sommes parfois bien installés. Par exemple, pour suivre Jésus, les juifs devaient cesser de considérer Jérusalem et son temple comme le centre de tout. Prédire leur disparition, c’était comme annoncer la fin du monde.

Notre passage sur terre est l’étape décisive de notre vie, il ne faut pas s’y installer mais s’y engager. Comme l’immense majorité des humains, nous quitterons le monde visible bien avant sa fin. En parlant de notre vie actuelle, Jésus nous dit : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. » Persévérer, c’est suivre son conseil : « restez éveillés et priez en tout temps !»

À quand la fin ? À quand le retour du Seigneur ? Questions inutiles qui distraient de la réalité. En effet, que nous soyons ou non les derniers des humains, notre mission est la même : vivre intensément l’instant présent pour que le Seigneur nous trouve debout quand il viendra. 

Jean-Louis Courchesne, s.m.m.